Je m’appelle Laetitia et je suis professeure des écoles depuis une quinzaine d’années. J’ai toujours voulu faire ce métier. Dès l’âge de 7 ou 8 ans, j’ai commencé à préparer des exercices à mes copines, à inventer des techniques pour qu’elles comprennent les notions qui n’étaient pas claires. Je les motivais, je les encourageais, persuadée que l’école était la solution pour vivre la vie que l’on souhaitait.
Mais, au fur et à mesure des rentrées, je me suis sentie de plus en plus frustrée par le système scolaire dans lequel j’évoluais. Je n’avais pas le sentiment, comme je l’avais espéré , de donner la possibilité à tous les enfants de progresser et de prendre confiance en eux. Au contraire, j’avais de plus en plus l’impression de passer à côté de l’essentiel : je leur permettais de savoir conjuguer des verbes ou de faire des calculs complexes, mais était-ce vraiment l’essentiel ? L’école ne devait-elle pas surtout permettre aux enfants de prendre conscience de leurs forces pour les aider à grandir et à s’épanouir dans leur vie future ? Pourtant, les phrases « Je suis nul. », « Je ne comprends rien. », « Ça ne sert à rien que j’essaie, de toute façon, j’aurai tout faux. » étaient devenues récurrentes. Les compétences mises en avant par l’école leur renvoyaient beaucoup trop souvent une image négative d’eux-mêmes et les enfants perdaient toute motivation. Je rencontrais de plus en plus d’enfants angoissés, ayant l’impression de ne jamais faire assez bien, des enfants découragés qui ne « rentraient pas dans les cases » mais aussi de nombreux parents en colère, démunis face aux attentes de l’école et au manque de compréhension des besoins de leur enfant. Même de « bons élèves » perdaient peu à peu confiance en eux car ils ne voyaient plus que leurs erreurs, occultant totalement leurs réussites.
J’ai alors commencé à m’intéresser à la théorie des intelligences multiples, à me former en neurosciences ainsi qu’à différentes pédagogies alternatives comme la pédagogie Montessori et l’approche Reggio. La découverte des réflexes archaïques et de leur impact sur les apprentissages fut également une révélation : je me suis alors formée en RMTI. La formation en discipline positive pour la classe est venue également augmenter ma boîte à outils me permettant de répondre aux besoins des enfants de manière bienveillante et dans le respect de chacun.
Je suis également devenue maman d’un petit garçon. A son arrivée, je me suis sentie bien seule et perdue. J’étais tellement angoissée à l’idée de mal faire ! Rapidement, je me suis rendue compte que mon fils faisait partie des enfants dits atypiques à Haut Potentiel. Un nouveau défi et un fonctionnement parfois déroutant à découvrir. Je mesurai encore davantage l’importance d’une relation bienveillante avec l’école et à quel point une connaissance et une prise en compte des besoins de chacun était indispensable.
Peu à peu, l’idée de prendre une nouvelle direction a ainsi germé :
Accompagner les enfants de manière individuelle et permettre à chacun de suffisamment bien se connaître pour être capable d’identifier ses talents, de reprendre confiance en lui et de maitriser les outils pédagogiques qui lui correspondent. Pour que chaque enfant prenne conscience de sa valeur, trouve sa place, ose essayer et accepte de se tromper. Une base indispensable pour s’épanouir tout au long de sa vie et s’accomplir.
Soutenir les parents et leur transmettre des méthodes concrètes adaptées au profil de leur enfant pour leur permettre de vivre le moment des devoirs de manière plus sereine et d’y passer moins de temps. Retrouver ainsi des moments pour de vraies activités en famille. Finis les soirées et les week-ends à réciter les leçons !
Renforcer les liens avec l’école et permettre une meilleure compréhension des différents profils. Aider aux adaptations nécessaires en classe si besoin mais surtout instaurer un dialogue bienveillant entre les familles et les enseignants et s’ouvrir à d’autres pratiques. Pourquoi ne pourrait-on pas apprendre en bougeant ou dans la nature ? Et si le manque de concentration, les erreurs de copie pouvaient s’expliquer autrement que par un manque de bonne volonté ? Si un changement de regard pouvait tout changer…
